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Océane Chevalier faisait partie des doyens de l’Agence de Montréal, même si elle était dans la trentaine avancée. Il était important pour cette organisation de ne faire évoluer sur le terrain que des hommes et des femmes au meilleur de leur forme. L’ANGE leur confiait donc des missions jusqu’à l’âge de quarante ans, puis les mutait dans les sphères administratives et plus secrètes de l’organisation.

L’Agence plaçait ses espions dans des emplois stratégiques où ils jouissaient d’une plus grande liberté, car ils pouvaient être appelés à mener une enquête à tout moment. Ces occupations leur servaient surtout de couverture.

Océane travaillait donc à temps partiel dans une bibliothèque de Montréal, Prétendant étudier le jour à l’université, elle s’était vu attribuer le quart de soir. L’Agence lui avait fourni une formation éclair qui lui permettait de bien s’acquitter de ses fonctions.

Océane aimait la quiétude du vieux bâtiment où elle passait la plupart de ses soirées. La faible fréquentation des lieux à ce moment de la journée lui permettait de lire des ouvrages variés et de se tenir au courant de l’actualité. Elle lui laissait aussi suffisamment de temps pour réfléchir à son avenir.

Pas très grande, mais bien proportionnée, la jeune femme avait les cheveux et les yeux sombres. Son teint très pâle lui donnait un air fragile. Mais ce n’était qu’une illusion. Océane Chevalier possédait non seulement une grande force physique, mais aussi un caractère déterminé. Elle avait fait ses preuves depuis son arrivée à la base de Montréal, dix ans plus tôt, et elle s’attendait à être mutée au niveau national ou international d’une semaine à l’autre.

Il était tard. Les étudiants, qui étaient venus s’entasser autour des petites tables pour faire des recherches, étaient partis depuis longtemps. Océane glissait des livres devant le lecteur optique en y jetant un coup d’œil intéressé. Il s’agissait, pour la plupart, de romans policiers ou de science-fiction. Le dernier lui fit relever un sourcil. Au milieu de la couverture toute noire, on voyait un œil de serpent orangé à la pupille verticale et, juste au-dessus, le titre : Les reptiliens sont parmi nous. L’auteur, dont Océane n’avait jamais entendu parler, s’appelait Henri Evansen.

— Et il le sait comment, lui ?

Océane avait été témoin d’événements inquiétants depuis le début de sa carrière, mais, après enquête, tous les cas finissaient par être élucidés. Elle avait lu de nombreux rapports sur les objets volants non identifiés pourtant rédigés par des sommités de la science. Certains prétendaient que des contacts avaient eu lieu entre la Terre et des êtres d’ailleurs. Un de ses collègues de l’Agence admettait même l’existence d’une civilisation intraterrestre. Pas elle. Océane ne croyait qu’à ce qu’elle voyait. Elle fit passer le dos de l’essai devant le rayon laser.

Une femme dans la cinquantaine poussa la porte d’entrée et se dirigea tout droit vers son comptoir. Elle enleva son chapeau de pluie transparent où l’eau ruisselait.

— Pouvez-vous m’aider, mademoiselle ? s’enquit-elle avec un sourire affable.

— Mais c’est mon travail, madame, affirma Océane, charmée. Que puis-je faire pour vous ?

— Je cherche un livre.

— Vous êtes au bon endroit. Quel est le titre de ce livre ?

— Je ne sais pas au juste.

— Alors là, ça pourrait être un peu plus compliqué.

— Il est écrit par un homme.

— Qui s’appelle ? l’encouragea Océane.

— Il a un nom anglais, et son roman est très à la mode.

— Si je vous montrais ce que nous avons, est-ce que vous vous en souviendriez ?

— Oui, peut-être.

Océane emmena donc la dame devant le mur des nouveautés et des succès de librairie alignés sur une série de tablettes horizontales avec des rebords métalliques pour les empêcher de tomber. Puisqu’elles permettaient de voir la couverture entière de chaque livre, il était bien plus facile de choisir sa lecture.

— On n’a pas de livres en anglais, mais on a des traductions.

La dame promena son regard sur tous les ouvrages sans se presser. Océane sentit alors une vibration sur son poignet. Elle jeta un coup d’œil à sa montre dont les chiffres clignotaient en bleu.

Les agents de l’ANGE portaient tous le même dispositif de communication. Leur montre représentait leur lien direct avec la base. Les couleurs indiquaient différentes consignes, mais Océane n’avait jamais eu à faire face à un code bleu. En fait, elle ne savait même pas à quoi il servait. Elle appuya doucement sur le cadran, ce qui mit fin aux pulsations lumineuses.

— Cette semaine, nos seuls auteurs anglais sont Dan Simpson, Jeremy Burns et Joseph McSween, l’informa-t-elle pour hâter les choses.

— Oui, oui, c’est lui ! s’exclama la dame, excitée.

— C’est lequel ?

— Le dernier ! Je suis sûre que c’est lui !

— Vous êtes chanceuse, il ne me reste que cet exemplaire. Avez-vous votre carte de la bibliothèque ?

La femme se mit à fouiller dans son sac à main, tandis que la bibliothécaire retirait le roman convoité de la tablette et l’apportait au comptoir. Elle passa la carte de la cliente devant le lecteur optique, puis le livre.

— Si ce n’est pas le bon, est-ce que je peux venir l’échanger ? s’inquiéta l’abonnée.

— Évidemment que vous le pouvez.

Contente, la dame remit son bonnet de pluie et cacha son trésor à l’intérieur de son imperméable. « Une autre cliente satisfaite », songea Océane en la regardant marcher vers la porte. La montre se remit à vibrer en bleu.

— Un peu de patience, les gars, j’ai presque fini, murmura la bibliothécaire en pressant une fois de plus sur le cadran.

Elle termina la vérification des ouvrages retournés par les abonnés et les rangea en vitesse sur les tablettes. Sa montre demeura inerte.

Océane verrouilla les portes de rétablissement. Son sac à main en bandoulière, elle traversa la vaste pièce et descendit au sous-sol où flottait l’odeur âcre de vieux documents. Elle vérifia que le déshumidificateur fonctionnait bien et s’immobilisa devant une étagère chargée de livres anciens. Elle appuya le cadran de sa montre sur le dos de l’un de ces ouvrages. La section glissa doucement sur le côté, révélant une porte d’acier. Au milieu, en relief, apparaissait un cercle rouge. Océane replia le poignet et y plaça le cadran de sa montre, La porte métallique s’ouvrit prestement sur une cage d’ascenseur.

Océane y entra sans la moindre appréhension. La porte se referma sèchement, et l’ascenseur décolla. La jeune femme ne comprenait pas comment fonctionnait ce dispositif secret. Dans le long couloir qui traversait la base souterraine, il n’y avait qu’un seul accès à cet ascenseur. Tous les agents de l’ANGE disposaient d’une porte secrète pour sortir de leur lieu de travail. Pourtant, ils aboutissaient tous à cette unique ouverture. Il s’agissait probablement d’un réseau de tunnels semblable à celui d’un métro où les rames n’arrivent pas toutes en même temps, mais Océane n’en avait jamais eu la confirmation.

— PROCESSUS D’IDENTIFICATION ET DE DÉCONTAMINATION ENCLENCHÉ, annonça une voix électronique.

Océane ne s’en inquiéta d’aucune façon, car elle était régulièrement soumise à cette vérification de routine. La cabine s’illumina en blanc, puis en bleu.

— PROCESSUS TERMINÉ.

L’ascenseur s’ouvrit sur l’interminable couloir. Océane marcha devant les nombreuses portes dont les poignées étaient munies d’une serrure à combinaison. Chacune portait un écriteau avec de grosses lettres : Études biologiques, Génie génétique, Pollution, Changements climatiques, Faux prophètes, Maladies mentales, Armements, Écoute électronique, Menaces internationales, Mondialisation, Dictatures, Virus informatiques, Phénomènes inexpliqués, Recherches extraterrestres, Corps célestes, Archéologie, Antéchrist, Visions et prophéties, Formation, Équipements, Transports, Infirmerie, Laboratoires et, finalement, Renseignements stratégiques.

Il n’y avait pas de combinaison sur cette dernière porte : elle était protégée par un œil électronique à la hauteur du poignet. Océane y appuya le cadran de sa montre, et le panneau glissa avec un chuintement.

La bibliothécaire entra dans le quartier général de la division montréalaise de l’ANGE. L’immense pièce bourdonnait d’activité. Les murs étaient tapissés d’écrans au pied desquels reposaient des consoles. On pouvait y voir les conditions climatiques de tous les coins de la province et du monde entier, des postes de télévision crachant des nouvelles sans interruption, des écrans surveillant les plus grandes artères de la ville. Une armée de techniciens portant des sarraus blancs et des badges d’identification s’affairait devant tous ces appareils. La plupart portaient des casques d’écoute et communiquaient avec d’autres bases de l’ANGE. Au milieu s’étendait une maquette de la province parsemée de points de toutes les couleurs, représentant différents secteurs d’activité.

Cédric Orléans émergea de cet océan de spécialistes. Seules ses pattes-d’oie trahissaient sa cinquantaine avancée. Il était svelte, visiblement en forme et, surtout, bien habillé. Ses cheveux noirs grisonnaient sur ses tempes, lui donnant un air de sagesse. Cédric dirigeait la division de Montréal depuis près de quinze ans déjà.

— Bonsoir, Océane, la salua-t-il avec un air implorant qu’elle reconnut aussitôt.

— Bonsoir, Cédric. Un code bleu, c’est inhabituel. En fait, je ne me souviens pas d’en avoir vu un depuis que je travaille pour l’ANGE.

— Suis-moi, se contenta-t-il de répondre.

La jeune femme lui emboîta le pas en tentant de se rappeler à quoi pouvait bien servir ce code. Cédric devina ses pensées.

— Je l’utilise quand j’ai besoin d’un service personnel, dit-il sans se retourner.

— Un service personnel ? répéta Océane, incrédule.

Une porte métallique glissa devant Cédric. Il entra dans la pièce en silence, puis longea un mur tapissé de tablettes où s’alignaient de gros cartables numérotés, pour finalement s’arrêter derrière son imposant bureau en acajou.

La porte se referma derrière Océane. Elle s’apprêtait à questionner son chef lorsqu’elle vit une jeune femme blonde assise dans l’un des fauteuils que Cédric réservait à ses invités.

— Océane Chevalier, je te présente Cindy Bloom, annonça ce dernier.

— Enchantée, fit Océane en serrant la main de l’inconnue.

— Mais tout le plaisir est pour moi, assura Cindy avec un large sourire.

« La fraîcheur de la jeunesse », ne put s’empêcher de penser Océane en examinant son visage parfait.

— Cindy vient de terminer son entraînement à Alert Bay, et Kevin Lucas nous a demandé de l’accueillir, expliqua Cédric. À mon avis, tu es l’agente toute désignée pour l’aider à faire ses premiers pas.

Océane n’était certainement pas d’accord avec lui, mais ce n’était pas le moment de le lui faire savoir.

— En conséquence, j’ai décidé de vous assigner toutes les deux aux Faux prophètes pour les trois prochains mois.

— Mais je croyais que…

Le reste de la phrase s’étouffa dans la gorge d’Océane. Le regard froid de son chef venait de lui rappeler que c’était lui qui prenait les décisions sur cette base.

Cindy ne sembla pas remarquer ce dialogue silencieux. Elle était trop impressionnée de se trouver en présence de véritables agents de l’ANGE après en avoir entendu parler pendant plus d’un an par ses professeurs.

— Il s’agit d’un secteur où Cindy aura la possibilité d’apprendre à travailler sur le terrain en toute sécurité, ajouta Cédric.

— C’est un secteur tranquille, ça, c’est certain, soupira Océane, profondément déçue.

— Je peux donc compter sur toi pour lui montrer tout ce qu’elle doit savoir ?

— Évidemment.

— MONSIEUR ORLÉANS, VOUS AVEZ UNE COMMUNICATION URGENTE DE MONSIEUR KORSAKOFF, les informa une voix électronique.

— Je la prends dans un petit instant, répondit Cédric.

D’une façon élégante, il indiqua la porte à ses deux agentes.

— Mesdemoiselles…

— Oui, bien sûr, comprit Cindy en se levant promptement.

Océane brûlait d’envie de dire à Cédric ce qu’elle pensait de cette mission, mais elle ravala ses commentaires.

La porte glissa, et elle suivit plutôt Cindy à l’extérieur. La doyenne fit signe à cette dernière de l’accompagner dans le long couloir de l’Agence.

— Je ne veux surtout pas être un fardeau, s’empressa de souligner Cindy.

— T’en fais pas, la rassura Océane en s’efforçant de sourire. Ce n’est pas la première fois qu’on me demande de m’occuper d’une recrue. Au moins, cette fois-ci, c’est une femme.

— Vous avez déjà été assignée aux Faux prophètes, n’est-ce pas ?

— Tout le monde passe par là. Et cesse de me vouvoyer.

Elles s’arrêtèrent devant la porte Formation.

Océane composa le code sur le clavier de la poignée. La porte glissa avec un chuintement et les deux femmes entrèrent dans la vaste salle. Il y avait là aussi des écrans sur les murs, mais seulement quelques ordinateurs réservés à un usage particulier. Des tables étaient disposées de façon parallèle au centre de la pièce.

Cindy aperçut les machines distributrices et les grands sofas qui les flanquaient. Océane l’emmena s’asseoir à l’une des tables.

— Ça fait longtemps que je suis sortie d’Alert Bay, mais j’imagine qu’on y enseigne toujours les mêmes choses, ce qui revient à dire qu’ils ne vous préparent pas du tout pour le terrain, déplora Océane.

— J’ai suivi des cours de science, de décryptage, de politique, d’informatique et de maniement des armes, mais rien qui parlait de faux prophètes.

Cindy portait ses cheveux blond miel un peu plus bas que l’épaule. Ses grands yeux bleus respiraient l’innocence.

— Disons qu’ils sont les premiers parasites sur une longue échelle qui mène aux dictateurs, expliqua Océane.

— Est-ce qu’on doit les arrêter ?

— Pas du tout, affirma la doyenne. Non seulement les agents de l’ANGE n’ont pas ce pouvoir, mais les dirigeants exigent que notre intervention demeure très discrète. Donc, dès que nos informateurs flairent une piste, ils nous transmettent les renseignements et nous faisons une petite enquête avant de dénoncer ces marchands de rêves. Est-ce que tu as appris nos codes, au moins ?

— Vert, c’est une réunion urgente. Jaune, c’est une mission. Violet, c’est le temps de disparaître pendant quelques jours et le rouge indique une urgence.

— Et bleu, c’est un service personnel, ajouta Océane avec amertume.

— Un quoi ?

L’étonnement sur le visage d’enfant de la nouvelle agente fit presque rire Océane.

— C’est la toute dernière invention de Cédric, l’éclaira-t-elle.

— Il semble être un bon chef de division.

— Est-ce que tu en connais beaucoup d’autres ?

Cindy baissa timidement le regard car, évidemment, elle n’avait jamais servi l’Agence de façon active.

— Moi non plus, la rassura Océane. Je suis avec la division du Québec depuis le début.

— Ça fait longtemps ?

— Assez longtemps pour être en mesure de lire entre les lignes. Il est tard. Que dirais-tu de poursuivre cette conversation demain à la même heure dans la salle des Faux prophètes ?

— C’est toi qui décides.

— Pour l’instant, mais il va falloir que tu apprennes très vite à fonctionner seule. Les agents de l’ANGE travaillent rarement en équipe… du moins dans cette province où il ne se passe pas grand-chose.

— Merci, Océane.

Cette dernière lui adressa un clin d’œil amical et la ramena à l’ascenseur.

Antichristus
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